Recently Rated:
Text of interview we had (in French).
''Le chocolat est devenu un produit trop banal'', selon Philipp Kauffman, fondateur de Original Beans. La hausse du prix du cacao, caus par la crise politique en Cte dIvoire, relancera-t-elle le dbat sur le commerce du cacao pour un changement du systme?
Le meilleur du chocolat
Les spcialistes du chocolat Pimm et Marcel van der Donk tiennent une chocolaterie de luxe dans un quartier chic dAmsterdam. Cette petite boutique propose le meilleur du chocolat aux fins gourmets qui veulent savourer son got dans sa plus pure forme et toutes sortes de varits de produits drivs de cette gourmandise.
Les clients sont prts payer un prix lev pour des marques exclusives et un chocolat de qualit : ''Une plaquette de 80g de chocolat Porcelana, un chocolat de haute qualit produit en quantit trs limite, coute entre 8 et 9,50'', explique Marcel van der Donk. Ceux qui choisissent cette boutique pour acheter leur chocolat nauront pas mauvaise conscience, car les chocolatiers font tout pour proposer des produits issus du commerce quitable et biologiques.
Le prix rel du chocolat
Le ''mur de chocolat'' de la boutique propose entre autres une plaquette de chocolat fabriqu avec un cacao provenant du parc national Virunga, dans le Nord-Kivu. Cette rgion de la Rpublique dmocratique du Congo est rpute pour sa population de gorilles, mais surtout pour ses conflits arms incessants. La marque Original Beans, axe sur la durabilit et le respect de lenvironnement, a dvelopp un partenariat avec ces producteurs de cacao congolais.
Lors dun entretien tlphonique avec le fondateur dOriginal Beans, Philipp Kauffmann, celui-ci affirme que les producteurs reoivent environ 0,30 sur une plaquette de 70g cotant 5,20 : ''Ils gagnent le double du prix pay sur le march classique, car ils reoivent une prime fair trade, une prime biologique, ainsi que le financement dactivits de dveloppement.'' Mais le dfi pour les socits chocolatires, poursuit Kauffmann, est que le prix pay aux producteurs est multipli par quatre au cours du processus de transport et de fabrication, ce qui les pousse payer le prix le plus bas possible aux producteurs''.
Produit banal
Le fait que les fabricants de produits base de chocolat fassent des conomies non seulement au niveau du prix pay la base, mais toutes les tapes du processus, compromet la qualit du cacao. ''Des conomies sont faites au niveau de la fermentation des fves de cacao, qui doit tre faite par les producteurs directement aprs la cueillette, mais galement sur le stockage, ce qui donne un cacao amer'', regrette Kauffmann.
Les chocolatiers van der Donk sont surtout davis que le chocolat est devenu un produit trop banal et trop bon march : ''Le chocolat est devenu un produit commun, pas un produit quon prend vraiment le temps de savourer. Les produits industriels sont remplis dadditifs et de sucre et ne contiennent parfois que 5% de cacao.'' Kauffmann est du mme avis : ''Le chocolat est devenu un produit trop bon march, le commerce du cacao est encore bas sur un systme colonial''.
Changement du systme
Un changement du systme est indispensable, selon Kauffmann, et ce tous les niveaux de la chane : ''Le prix pay ne tient aucunement compte des conditions de travail des producteurs, qui travaillent dans des conditions abominables, ni des consquences quont la production sur lenvironnement''. Et selon lui, il serait temps que les consommateurs payent plus pour des produits quitables : ''Comme pour le caf, le cacao est un produit avec lequel les consommateurs occidentaux peuvent avoir une influence directe sur la vie des producteurs.''
Cependant Pimm van der Donk constate qu ''un prix lev pay pour du chocolat nest hlas pas toujours une garantie que le producteur ait plus de revenus, car nous ne pouvons pas vrifier lorigine du cacao, malgr nos efforts. Mais nous savons que les situations de conflit dans les pays producteurs, comme en Cte dIvoire, engendrent des situations dabus des travailleurs, par manque dalternatives de sources de revenus.''
Un commerce vraiment quitable ?
La chocolaterie dAmsterdam peut se vanter davoir un assortiment de produits quitable, mais ces gourmandises sont fabriques dans les pays de consommation, qui empochent donc la plus grande part des bnfices. Nest-il pas temps que les pays producteurs produisent eux-mmes leur chocolat pour permettre un rel dveloppement conomique ? Marcel van der Donk est daccord : ''Je trouverais bon que les pays producteurs puissent produire le produit fini. Le chocolat de Pacari, une entreprise familiale en Equateur, est malheureusement lunique exemple de fabrication locale de qualit que nous connaissons.''
Le march du chocolat de haute qualit, biologique et provenant du commerce quitable, est en pleine expansion et de plus en plus accessible au grand public. Maintenant, au consommateur de faire son choix.